laurent dauptain
"LAURENT DAUPTAIN,LE SUJET N'EST PAS LE SUJET"
(EDITIONS LELIVREDART 2025)
Le sujet n’est pas le sujet C’est ainsi que j’avais sous-titré l’exposition sur le thème des fleurs que j’ai présentée l’été 2022 au musée de Salagon, à laquelle j’avais invité le peintre, Laurent Dauptain, qui a présenté pour celle-ci trois petites toiles de fleurs inversées surplombant trois autoportraits de l’artiste. L’autoportrait n’étant également pas, à mon avis, le sujet de l’œuvre de Dauptain alors qu’il s’y applique depuis le début… Ce ne sont pas des portraits mais des têtes, disait Eugène Leroy de ses propres autoportraits, c’est-à-dire une chose peinte qui se pose là non comme une vérité révélant l’identité de l’artiste, mais bien comme ce qui lui échappe devant l’inquiétante étrangeté qu’elle suscite, comme une chose que nous poursuivons de notre question : qu’est-ce qu’être ? qu’est-ce que l’Être ? Curieux que nous sommes devant le globe de l’œil, le trou de la bouche, le dessin baroque de l’oreille, la tension de la tempe, etc.
Là devant nous, en effet, est-ce le peintre ou la peinture qui nous regarde, qui nous questionne par le doute qu’elle produit en cet échange ? Alors, il nous faudrait comprendre, regarder ce qui se passe dans le parcours même de cette œuvre, et là, quand le visage et la fleur, pareillement peints, se confrontent à leur mise en miroir… Serait-ce ce chemin poétique ou bien plutôt et dans le même mouvement, un chemin d’élucidation auquel nous conduit cette peinture qui demanderait à être regardée plutôt deux fois qu’une ? Non par ce qui serait là, l’évanescence d’une disparition progressive, mais plutôt l’insistance, dans la lourdeur de la touche même, à interroger ce que veut dire toute présence, quand, embarrassée de soi, elle s’intensifie comme pour échapper à sa singularité, par ce qui n’est plus un autoportrait car peu importe alors le visage réel, quand ce qui semble intéresser l’artiste est de s’oublier, de se perdre, de se fondre dans la matière même de la peinture. Dialectique difficile entre apparition et disparition, entre lumière et ombre, entre vie et mort, entre soi et l’autre, entre fini et infini… dialectique philosophique ou entre-deux intime, dont l’œuvre devient le temps d’une vie, à se reposer encore et encore la question jusqu’à l’inverser par dés-identification, la question serait-elle alors celle ici de notre présence au monde ? Ou comment cette pensée est celle de la peinture elle-même qui, ce faisant, défait ses contradictions, reposant la question de la peinture en se posant la question : comment ça pense ?
Comment être peintre aujourd’hui alors que tout semble déjà avoir été remis en cause par les avant-gardes successives de ce xxe siècle… reprendre ses pinceaux, se dire, se vivre peintre, reprendre la longue tradition de la peinture, depuis les empreintes dans les grottes préhistoriques, pour tenter de continuer ce qui fut interrompu, bouleversé, contesté, malmené, mais aussi ravivé, repensé, dépassé, comment penser ce temps présent accéléré, bourré à craquer d’événements, d’informations, d’images, de mots, de violences…
Comment supporter cette agitation frénétique qui nous soumet, nous épuise, nous étourdit, nous dilue, nous effiloche, nous vide ?! La peinture serait pour Laurent Dauptain un arrêt brusque sur image en ce film trépidant de notre vie, nous isolant ainsi du reste du monde, nous saisissant par l’expérience tragique d’un accident dans le tissu serré de cette course affolée. Ses portraits sont, ne sont pas une simple et répétitive représentation de lui-même mais celle de son propre aveuglement et de sa propre interrogation sur l’isolement de l’être au monde, saisi en plein délit d’indifférence, d’inutilité, de vacuité, nous abandonnant ainsi à nos terreurs : faire face est bien ce qu’il demande à la peinture, cette irruption insupportable d’une présence oubliée, niée, qui par ses portraits ferait soudain effraction dans la conscience de son inexistence inconvenante, cette mise à nu, et insistante d’œuvre en œuvre, insistance par laquelle nous réalisons la trace indélébile que nous secrétons en vivant, immobilisés ainsi, pris dans les rets de la peinture, ces autoportraits nous épinglent, car nous y ressentons non le désir d’apparaître et de paraître, mais au contraire celui de disparaître et de nous effacer : de même que la rougeur au visage du timide vient le dévoiler dans cette vive émotion qui l’embarrasse et l’enfonce plus encore dans la peur d’être surpris et découvert. Ce n’est pas l’angoisse de mort qui transpire ici, mais bien la révélation terrifiante de notre trop-plein de vie que nous nous évertuons à atténuer en contraignant notre corps à l’héroïsme du stress. Nous nous lançons à corps perdu dans l’exagération et l’affolement d’une surconsommation à laquelle nous sommes impérativement conviés, qui trouve écho en cette peur fondamentale de vivre. Telle est la tension sans intensité à laquelle nous soumettons notre corps, l’exténuant par l’impératif du bien être et de l’hédonisme, du libidinal et du ludique, ballottés dans l’agitation paranoïde et la dépression schizoïde.
Douce euphorie placée sous le culte d’un corps exhibé d’où sourd ce qu’elle refoule : la maladie, le vieillissement et la mort. L’obscénité actuelle consiste en cette discipline de l’hypervisibilité, cette carence d’ombre sur notre corps fragilisé. Mais accepterons-nous de parler d’aliénation, de dépendance, d’angoisse, d’affolement à propos de ce qui s’énonce comme l’absolue liberté individuelle ? De consommation paroxyste, anxieuse, répétitive, obsessionnelle, en ce que nous nous appliquons à revendiquer comme droit au plaisir, au bonheur ? En effet, une nouvelle culpabilité nous oppresse, liée à cet excès d’être, au contentement indécent de ce corps, non plus parce que la morale chrétienne continuerait à nous réprimer, mais bien parce que ce corps sauvage subsiste malgré nous et par ce qu’il persiste encore et toujours à produire d’odeurs, de sudation, de graisse, de poils, d’excroissances, de rides, de douleurs, de sécrétions, de sang, d’urine, de pleurs, de cris… par ce qu’il imprime partout de traces, d’empreintes, de taches, de marques… Ce qui est devenu indécent n’est plus de paraître nu mais de laisser échapper ce qu’il faut réprimer : l’expression de nos sensations et de nos émotions les plus intenses : les limites de l’acceptable et de l’inacceptable se sont déplacées et nous enserrent dans un paradoxe impossible : point de salut en dehors du corps, mais une apesanteur irréelle à l’intérieur : il ne nous reste plus que la peau sur les os…
La pulsion créative serait cette résistance du corps à la disparition, à la réification, elle est cette certitude que le geste de l’artiste va donner sens et nous faire échapper à la chute, par les tracés qu’elle produit se constituent autant d’images possibles de notre corps, car point de corps sans tracés, sans dit, sans cri ! Faire face à la limite, transfigurer avec toute l’énergie propre au défi, dans l’arbitraire, dans le métaphorique, dans l’hypothétique ainsi que le réalise l’art, tel est le sens excessif de cette nécessité ; ainsi Rustin écrivait : « Ces corps que je peins, je les caresse et je les travaille jusqu’au moment où je suis moi même fasciné par leur présence sur la toile, présence que toute la beauté de la peinture doit concourir à porter à son maximum d’efficacité. » Ce serait à cette présence de son propre corps dans la peinture que Laurent Dauptain, à la suite de très grands peintres tels que Rembrandt, Van Gogh, Picasso, réinvestit tout au long de son œuvre par cet
exercice récurrent de l’autoportrait, marquant ainsi son inscription dans cette question : non qui suis-je ? mais que suis-je ? par la succession tout au long de sa propre vie dans son œuvre de cette longue transformation de son corps par la vieillesse s’acheminant vers la mort, car dans et par ce déroulé temporel, définir ainsi l’espace même de sa peinture comme appartenant à la longue histoire de l’art, par la puissante inscription d’un témoignage artistique intense par lequel il affirme être et rester peintre, un peintre d’aujourd’hui, qui ne signifie pas comme on l’entend dans les salons mondains d’un retour à la peinture, mais avec la conscience que l’art appartient à cette histoire et d’apporter son propre questionnement à cette aventure proprement humaine en mettant en scène sa propre image qui lui permet d’exprimer quelques fois avec violence ou avec douceur, par petits et grands formats, de la manière la plus directe qu’il lui est possible, les sentiments et désirs conscients ou inconscients qui l’habitent et qu’il ne saurait traduire autrement que par la présence tout au long de son œuvre de ses portraits peints.
Évelyne Artaud, mars 2024
FACE-FACE , L'AUTOPORTRAIT, POINT DE DEPART D'UNE QUETE EMOUVANTE ET VERTIGINEUSE
Parce que ce sujet en vaut bien un autre, et parce qu’au fond, il en connaît mieux que personne, les anfractuosités, sinuosités et autres singularités, Laurent Dauptain n’a cessé depuis ses débuts (depuis sa première exposition en 1981) de se confronter à sa propre apparence, à travers des autoportraits (il en a pas plus de 2000) qui dressent au fil du temps, une espèce de cartographie du temps qui passe. Non pas que son image lui soit à ce point précieuse qu'il ait souhaité dupliquer et propager, de la sorte une version de lui-même contrôlée ou validée par ses soins, mais le sujet, sa trombine, aura été avant tout pour lui, le point de départ d’une quête émouvante et vertigineuse, celle d’une peinture, sans concessions, radicale, vraie, Sincère.
Généralement campés de face, mais aussi de temps à autre de trois quarts, et même de profil, ces mille visages d’une seule et même personne, nous offre mille paysages, différents, certes, taillés dans le même moule, mais infiniment renouvelés, comme le seraient après tout mille vues de vagues, se jetant sur la grève ou mille représentations d’une forêt, évoluant au fil des saisons. Cadrés de près, ces visages nous parlent de peinture avant que de nous parler de l’artiste…
Eugène Leroy disait de ses propres autoportraits : « ce ne sont pas des portraits, mais des têtes », établissant par là une distance entre sa propre image et le sujet représenté. Et c’est bien à L'aune de cette remarque qu’il faut aborder l’œuvre de Laurent Dauptain. Non pas en considérant que les tableaux restitueraient ses états d’âme (quoi que, parfois !) mais en s’interrogeant sur la représentation plastique du sujet, sur «ce que c’est qu’un visage, ce que cela signifie sur notre humanité ». L’autoportrait est pour lui, l’occasion d’infinies variations, d’expérimentations, de jeux autour de la touche, plus ou moins marquée, d'essais de lumière, d’orientation, de recherche sur le regard, etc. Chaque tableau est un exercice de mise en abyme, un face-à-face dont l' enjeu est de donner à voir avec un maximum d’intensité, le paysage humain qu'il a sous les yeux. « Je ne crée pas, je dérobe », dit Laurent Dauptain, en une sorte de boutade qui souligne par là, non pas seulement le réalisme de sa pratique, mais aussi que ce visage, perpétuellement, différent d’un jour sur l’autre,est un sujet de découverte, ou de redécouverte, et que ces modifications ne lui appartiennent pas, qu’au fond, il ne fait que se les approprier.
V.N. Miroir de l'Art no 135 , juin 2025.
PORTRAITS DE FLEURS
Laurent Dauptain est surtout connu et reconnu pour ses autoportraits, un sujet qu’il pratique depuis son adolescence et le poursuit au point d’être devenu obsessionnel. Si l’on considère que tout tableau, quel qu’en soit le sujet, est un autoportrait, chez Laurent Dauptain il incarne une identité marquée par le temps qui passe laissant ses stigmates sur la toile comme autant de scarifications dues au vieillissement et aux aléas de la vie. Alors que par le passé les portraits comme les autoportraits se devaient d’être toujours d’un format plus petit que la réalité, ceux de Dauptain, souvent très frontaux, sortent du cadre conventionnel pour prendre des dimensions hors normes. Ainsi, ce n’est plus seulement le portrait à proprement parler que l’on regarde, dans sa ressemblance et sa psychologie interne, mais un tableau de portrait dans sa picturalité. Il en va de même pour ses bouquets de fleurs de très grand format dont l’échelle surprend le spectateur qui les perçoit non plus comme une nature morte édulcorée, ce qui est souvent le cas pour les tableaux de bouquets, mais comme un portrait de bouquet vivant, incarné par cette peinture enlevée et gestuelle très maîtrisée. C’est cette altérité du réel et de sa représentation dans sa dimension picturale que Laurent Dauptain nous donne à voir à travers une œuvre qui n’a cessé d’évoluer pour atteindre aujourd’hui cette maturité autonome si identifiable par sa liberté de la touche et son emploi de la couleur.
Jacques Godin
juillet 2021
UN PARADOXE
Paysage du portrait ? Portrait du paysage ? Grande interrogation pour laquelle la réponse est si simple.
C’est, en effet, sur cette dichotomie que Dauptain, avec l’endurance, l’assiduité, la technique et le métier qu’on lui connaît, mène et fait évoluer depuis plus de vingt ans son œuvre picturale.
Ce qui revient à dire, qu’en quelque sorte, il pratique le paradoxe de la double identité plastique. Ses autoportraits et ses paysages ne sont en rien étrangers les uns aux autres. Il s’agit de deux canaux distincts pour traduire un seul objet : L’identité totale de l’artiste.
Si ses autoportraits prennent acte de l’évolution physique de leur modèle, ils rendent aussi compte au quotidien de ses états d’âme, de ses joies ou de ses soucis, par le truchement des couleurs, des cadrages, de la touche.
En contrepartie, les paysages sont les témoins discrets et tout en nuances de la vie intérieure de l’artiste, une manière de journal de son rapport au monde qui l’environne, à son ressenti des situations et évènements qu’il vit ou qui accompagnent sa vie, même s’il est loin de les « représenter ».
Pas de frontières entre les deux genres picturaux, mais un cordon ombilical invisible qui leur permet d’émettre, chacun avec ses moyens, la complexe unité d’un homme qui ne s’exprime vraiment que par son art.
Jean-Pierre GHESQUIERE
Janvier 2013
« …..Son œuvre étonnante, figurative, met en exergue les problématiques de la représentation, qu’il s’agisse du paysage, de la figure humaine et surtout de soi-même. En effet, dès ses débuts il s’est attaché à un exercice délicat, celui de l’autoportrait. Cette recherche constante lui permet d’inventer des variations formelles où les traits sont le prétexte à des propositions picturales toujours renouvelées. Journal intime? Sans doute, mais aussi moyen de dépasser les barrières du particulier et de l’anecdotique.
Laurent Dauptain nous raconte alors le temps qui passe, mais transforme sa fuite en moments de peinture, c’est-à-dire en instants d’éternité. »
Philippe ANCELIN
Février 2013
LE MIROIR, LE REFLET ET LE REFLET HORS DU MIROIR
L’artiste doit vivre en osmose avec son temps. Ce précepte fréquemment appliqué fût même souvent prophétiquement devancé. Ainsi, dès le XIX° siècle quelques peintres utilisèrent la photographie comme support de mémoire ou références documentaires. Il n’est donc que normal, malgré que de nombreuses autres technologies se soient imposées depuis sa découverte, qu’on y recoure encore au XXI° siècle ou, entre autres, elle s’est numérisée.
Sans exclusive Dauptain en use depuis le tout début de son activité et le procédé lui agrée, en lui permettant de s’envisager (le mot pour lui n’est pas trop fort) sans subir la fatigante observation et surtout la relative incertitude du reflet dans le miroir, pour concevoir ses autoportraits.
Dans ce cas, le reflet est fixe mais dans l’esprit du peintre c’est là qu’il bouge le plus, là seulement qu’il peut appréhender son image à son rythme, et, puisqu’il s’agit de sa propre image, de réfléchir sur lui même son apparence et sur ce que lui renvoie le cliché de son caractère ou de particularités physiques. L’image fixe qui lui permet cette réflexion plus complète et calme sur lui-même, convient à libérer sa main de peintre vis à vis de ce qu’il perçoit, de ce qu’il imagine mais finalement réalise être lui.
La confrontation avec le rendu photographique n’est pas moindre que celle provoquée par le miroir. Au contraire puisqu’elle est fixe et accuse d’autant plus directement et mieux l’observateur, qu’il ne peut plus fuir devant la distance de son propre reflet, bien plus apte à lui échapper, à le tromper, que le directement accusateur cliché.
Une photo rend compte de la réalité d’un instant précis, quand le miroir ne renvoie que l’imprécise fugacité de son reflet. Mensonge ou déguisement de l’image du miroir, ou de l’eau qui s’y apparente et vérité de la technique qui propose, elle, une base solide à l’interprétation et une ouverture à sa liberté.
S’il est quelqu’un que le peintre ne peut que difficilement dominer c’est lui-même. La photographie lui restitue au moins une part de ce pouvoir, l’accessibilise en proposant à son regard un modèle passé à un stade rendu fatalement plus étranger par la distance créée, cernable et interprétable. Je serais tenté de dire, car ce me semble être le cas pour Dauptain : aux données analysables et retransmissibles dans l’œuvre.
Si la photographie se pose en interface pour témoigner d’un fait, le peintre s’affirme comme son reflet direct. La confrontation entre « lui « et « lui-même « par le truchement du cliché est un moyen que Dauptain a perçu comme le plus complet pour se retrouver en toute sa vérité humaine et spirituelle dans son œuvre. Pour exister réellement, l’œuvre a besoin que le rapport entre le sujet et les moyens picturaux mis à disposition pour sa réalisation soit les plus exacts et constants possibles. D’où la nécessité d’un point fixe entre la réalité observée et le regard que l’artiste porte sur lui-même, dans cet exercice de haute voltige à la fois intellectuel et pictural qu’est la pratique de l’autoportrait. Dans ce domaine Dauptain sait ou il va, parce qu’il analyse, ne serait-ce qu’intuitivement, toutes les étapes de son processus créatif. Il veut rendre non seulement ce qu’il voit mais l’au-delà de ce qu’il voit et restituer picturalement avec la plus implacable exactitude ce qu’il ressent, même si c’est contre l’idée qu’il pouvait se faire de lui-même.
Le seul but de Dauptain, sa quête : la vie. Pour lui, elle seule compte. Parce qu’il se sait et constate changeant, que depuis toujours, il s’est constitué volontairement et consciemment observateur fidèle de ce fait inéluctable, mais d’autant moins acceptable aux âmes faibles qui s’égarent sur le chemin tortueux de l’introspection, sans retour en arrière ni sentiment que nous qualifierons de réévaluateurs. La vérité est la plus difficile des vertus tant à visualiser qu’à dire. Sur ce délicat sujet, cet artiste est, au-delà de son titre de peintre, un exemple, car il sait s’accepter et se livrer dans ce qu’il a de plus secret et de plus réservé. Au spectateur de savoir le lire dans ses œuvres !
Dauptain est un homme très conscient qui se dit et redit, se livre sans cesse par et dans son œuvre, sans la moindre apparence de prostitution à l’art qui est le sien : celui de la soumission à la ressemblance tant physique que morale, et de sa propre adhésion à la sienne réalisée et transmise dans chacun de ses autoportraits.
Jean-Pierre GHESQUIÈRE
Octobre 2011
Laurent Dauptain c'est un regard, une manière personnelle d'aborder portraits ou rues désertes. Sans s'attarder à la minutie du détail, il s'attache à recréer une expression, une atmosphère. Et si les passants sont absents de la ville, l'humain y demeure en filigrane grâce aux immeubles qui bordent les trottoirs.
Entre ombre et lumière il nous conduit de Manhattan à Brooklyn et l'on éprouve un sentiment de solitude devant ces bâtiments impersonnels qui semblent vouloir garder jalousement leurs secrets. Laurent Dauptain aime une pâte nourrie, une construction solide, il joue parfaitement avec les gris et les noirs qu'éclairent quelques réverbères rougeoyants dans des œuvres souvent réalisées en nocturne. Certaines œuvres apparaissent presque linéaires et éclairées par endroit de blancs.
Laurent Dauptain nous conte la vie silencieuse en ville qui, malgré la densité de population, peut aussi être solitaire, livrée à elle-même. Un pick-up stationné vient cependant rappeler que l'être humain est bien là. L'on connait aussi cet artiste comme excellent portraitiste, il a réalisé, entre autres, de nombreux autoportraits sans complaisance.
Nicole LAMOTHE
2012